Travailler avec les familles des Dom syriens à Bruxelles


21 novembre 2023

En conversation avec Firas, médiateur au Service Roms et des Gens du voyage

Depuis 2015, un nouveau groupe ethnique se manifeste dans les rues de Bruxelles. Ils sont arrivés avec l’exode de Syrie et sont appelés “Doms”, ou “Nawar” par les Syriens, mais ils préfèrent eux-mêmes éviter ces désignations. « Je suis toujours à la recherche des mots justes », explique Firas, lui-même originaire de Syrie et médiateur depuis quelque temps auprès du Service Roms du Foyer pour ce groupe cible. Il se rend dans les écoles et dans divers services sociaux, mais surtout, il effectue de nombreuses visites à domicile. Il est essentiel d’établir une relation de confiance si l’on veut bien travailler avec cette communauté.

Les Doms sont souvent peu qualifiés et ont une image peu positive auprès des Syriens de Bruxelles, mais aussi auprès d’autres groupes ethniques – un phénomène qui touche également les Roms, qui ont d’ailleurs des racines indiennes communes avec les Doms. 

En Syrie, ils exercent un certain nombre de professions typiques que l’on retrouve également dans certaines communautés roms : musicien, diseur de bonne aventure, forgeron et ainsi de suite, mais une activité qui caractérise vraiment les Doms est la dentisterie informelle. Ils soignent les dents et fabriquent des prothèses dentaires, un métier qu’ils transmettent de père en fils.

Depuis les années 1970, les Doms syriens sont également actifs en tant que dentistes informels en Europe occidentale, notamment en France et en Belgique. Comme il existait déjà un lien historique avec Bruxelles, cette ville a donc été un choix logique pour de nombreuses familles doms lorsqu’elles ont été contraintes de quitter la Syrie.

Aujourd’hui, les Dom syriens sont surtout présents dans les communes de Schaerbeek, Saint-Josse, Molenbeek et Anderlecht. « Entre-temps, je les reconnais facilement à leurs vêtements », explique Firas. Les familles Dom ont tendance à s’habiller de manière plus traditionnelle que les autres Syriens. La plupart des Doms à Bruxelles sont des réfugiés reconnus. 

Firas a commencé sa carrière en tant que médiateur dans le secteur humanitaire pendant la crise des réfugiés syriens de 2015.

Il a travaillé pour Médecins Sans Frontières à Bruxelles, ainsi que dans le nord de la Grèce, à Lesbos et en Libye. Pour lui, le travail chez Foyer est différent de celui du secteur humanitaire, où il faut souvent agir rapidement, où les gens sont en transit et où, en tant que médiateur, on se sent plus comme un ‘outil’. Foyer travaille davantage avec des personnes qui sont déjà dans le système.

Cela permet de développer une plus grande vision de la médiation. « De plus, en tant que médiateur, je fais partie d’une équipe et mon avis compte aussi ».

Ceux qui veulent connaître les Doms de plus près et de manière originale peuvent lire la bande dessinée “Hayat, d’Alep à Bruxelles”, d’Anaële Hermans et Manal Halil. Publié par La Boîte à Bulles.

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