Une place pour l’ukrainien dans l’enseignement pour les enfants réfugiés?


Johan Leman, 11 juin 2022

Dans les années 1980, l’enseignement en intégrant partiellement la propre langue et culture d’élèves de provenance étrangère était un modèle éducatif appliqué dans plusieurs villes. L’idée initiale était que le fait de rester en contact avec sa langue maternelle (à l’époque, on entendait par là: la langue du pays d’origine) permettrait de garder le contact avec le pays d’origine et serait également utile au retour. Dans la variante du Foyer, l’accent n’était pas mis sur ce point, mais sur l’utilité d’acquérir le multilinguisme et sur une identification partielle mais réelle.

Je me souviens que la critique sur le modèle du Foyer, abandonné après 30 ans de pratique, était que les enfants ne faisaient en moyenne pas mieux que la moyenne des élèves non-néerlandophones des écoles néerlandophones de Bruxelles. Le fait qu’ils n’aient pas fait pire n’a pas pris en compte, pas plus que le fait qu’entre-temps ils aient maîtrisé une autre langue (leur soi-disant langue maternelle), ni le fait qu’ils aient fait preuve d’une grande loyauté envers l’école, ni le fait qu’ils avaient tous trouvé du travail par après.

Entretemps, le Foyer a réorienté son expertise dans une autre direction, à savoir donner du conseil linguistique aux familles multilingues dans l’utilisation des langues de communication à la maison. Mais récemment, certaines personnes m’ont contacté pour me demander si je ne pensais pas qu’un tel projet comme dans le temps, mais cette fois-ci avec l’utilisation de l’ukrainien ne s’imposait pas à l’accueil des enfants de réfugiés ukrainiens ? Ce que j’en pense ? De toute évidence: oui, certainement. On a affaire, en effet, à des personnes dont beaucoup ne savent pas si elles vont rester ou non. Et quoi qu’il en soit, il y a une pénurie d’enseignants. Si l’on trouve des enseignants ukrainiens, ils peuvent contribuer à résoudre la pénurie d’enseignants de manière significative. Le fait qu’il s’agisse d’enseignants qui peuvent être intégrés et non pas employés sur des contrats temporaires par le biais des ambassades permet en outre d’éviter l’un des problèmes des anciens projets. Il suffit de trouver de bons enseignants ukrainiens, d’avoir une équipe et une direction prêtes à soutenir un tel projet et d’avoir quelques décideurs du secteur de l’éducation prêts à mettre temporairement de côté leurs dogmes. Et alors, un tel projet ne peut pas échouer.

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