Les leaders artistiques ne doivent pas chercher à coloniser le social


Johan Leman, 4 avril 2024

Récemment, j’ai remarqué comment certains leaders artistiques – souvent eux-mêmes non artistes – se permettent d’aborder la réalité sociale avec condescendance. Il est frappant de voir comment certains parmi eux se sentent dès le départ supérieurs au domaine social qu’ils prétendent vouloir émanciper. Malheureusement, sans avoir jamais construit quoi que ce soit eux-mêmes dans le domaine social “de bas en haut”. Ils passent facilement à côté du fait que ce qu’ils ont montré dans le domaine social n’est que rarement marqué par la durabilité. Un bel exemple de ce que je veux dire peut être trouvé dans l’approche artistique des deux passerelles piétonnes sur le canal entre la place Sainctelette et la porte de Ninove à Bruxelles. Normalement, on s’attendrait à ce qu’un musée comme Kanal, d’où semble provenir l’approche, consulte des experts du secteur social… mais les experts artistiques estiment cela absolument inutile. Ils décident, car ils “savent”, tout comme ils “savent” souvent mieux que les artistes eux-mêmes ce qui concerne leur propre domaine. Et oui, je fais une distinction entre les leaders artistiques et les artistes. Car Vincent Van Gogh pourrait me contredire à juste titre ici… Il était lui-même un artiste et non un leader artistique. Il serait peut-être judicieux pour certains leaders artistiques aujourd’hui qui poussent le projet “Molenbeek pour Bruxelles 2030” de garder cela à l’esprit et d’éviter que le projet ne se transforme en un “Molenbeek alibi pour Bruxelles 2030”. Vouloir coloniser quelque chose est un peu “dépassé” aujourd’hui.

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