Le transnationalisme et ce qui en suit…


Johan Leman, 16 décembre 2023

Le transnationalisme est un phénomène qui est apparu dans les migrations en Europe depuis 2000, et cela de plus en plus. Aux États-Unis, il est apparu plus tôt. Il signifie que les gens en sont venus à vivre ce qui était traditionnellement un espace unique national, comme quelque chose de réparti sur deux espaces nationaux ou même plus. Plus précisément, il y a par exemple des Italiens qui travaillent et vivent à Bruxelles cinq jours par semaine et prennent l’avion chaque semaine le wee-end pour rentrer en Italie et revenir. Mais il peut aussi s’agir d’un Ghanéen qui tient un magasin ouvert à Bruxelles et un autre magasin, proposant les mêmes produits, à Accra. Et il ne s’agit pas seulement d’affaires… Nous connaissons ainsi la Turque, migrante à Bruxelles, qui devient ministre dans le gouvernement d’Erdogan en Turquie, ou le footballeur marocain de Vilvorde qui joue à Genk, mais opte pour l’équipe nationale marocaine. Le phénomène du transnationalisme dans la migration est plus susceptible d’augmenter que de diminuer. Il est lié à la globalisation: les biens, les personnes et les services circulent très rapidement, à moindre coût, et le réseau WWW permet des contacts continus et un engagement personnel de grande envergure avec ce qui est même très éloigné.

Cela indique-t-il un manque de loyauté de la part des personnes concernées ? Non, ou disons: pas nécessairement. Cela ne place-t-il pas certains migrants dans des positions plus avantageuses, avec des opportunités plus nombreuses et meilleures que les non-migrants ? Cela peut arriver. Bien que la même ouverture transnationale existe également pour les non-migrants, dont certains voient leurs enfants s’installer aux États-Unis ou au Canada. C’est le monde qui change.

Mais un tel événement ne peut pas être sans impact sur la politique d’intégration. Il faudra plus de transparence entre le pays d’accueil et le pays d’origine… si l’on veut éviter un nouveau type de problème. Plus de transparence et de meilleurs accords, par exemple en matière de propriété et de revenus… pour nous limiter aux problèmes les plus prévisibles. Mais je crains qu’il est trop tôt pour le mettrre sur l’agenda. D’habitude, il faut d’abord que le problème devient plus visible

Retour