La diversité des quartiers à Molenbeek


Johan Leman, 10 octobre 2022

Il existe un sentiment de ‘Molenbeekois’ parmi ceux qui vivent à Molenbeek ou qui y travaillent au quotidien. Néanmoins, les habitants de Molenbeek savent qu’il existe de grandes différences internes, et ils sont souvent agacés par le fait que Molenbeek est présenté dans les médias ou par des personnes extérieures comme un grand ensemble homogène. Après tout, cela ne correspond pas du tout à la réalité.

Par différences internes, ils n’entendent pas seulement les différences en termes d’origine ethnique, par exemple le fait que les Molenbeekois d’origine marocaine réagissent différemment sur certaines questions que les Molenbeekois d’origine subsaharienne. On entend aussi les différences de culture entre les quartiers.

Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que ces différences dans la culture des quartiers remontent parfois au XIXe siècle. En ce sens, il est intéressant de lire un livre comme “Bruxelles, histoire de planifier aux 19e et  20e siècles” (2017).

On peut y lire qu’à Molenbeek, entre 1837 et 1848, on a planifié un immense hippodrome entre le canal (qui avait été prolongé jusqu’à Charleroi en 1832) et la Chaussée de Ninove, c’est-à-dire au niveau de l’actuelle Duchesse, alors qu’entre-temps, de plus en plus d’usines à vapeur s’installaient le long du canal lui-même, alimentées par le charbon du Hainaut. Ces usines font encore aujourd’hui partie du patrimoine historique le long du canal. Le projet d’hippodrome est abandonné en 1855. Mais ce sont d’autres publics qui ont commencé à s’y installer.

À partir de 1850, deux grands industriels ont également développé la zone située entre Duchesse et la Chaussée de Gand: Cail & Halot (avec l’actuelle Fonderie et le parc situé derrière), où l’on fabriquait des chaudières en cuivre et en fer, et Pauwels (entre la rue Delaunoystraat, la rue de l’Indépendance, la rue Vanderstraeten et la rue Quatre Vents), une fonderie de cuivre pour le transport. Pauwels employait quelque 1 800 travailleurs en 1850. Ce n’est pas rien.

Un tel quartier a un passé différent de celui, par exemple, du quartier Maritime ou du Molenbeek historique (où le Foyer est situé), et encore plus différent de celui des quartiers du Haut Molenbeek.

Des cultures de quartier sont apparues à Molenbeek au 19e siècle, qui restent reconnaissables aujourd’hui.

Il existe un sentiment d’appartenance à Molenbeek, mais la diversité interne est généralement sous-estimée dans les médias et par les personnes extérieures.

Ce n’est pas seulement le cas à Molenbeek, d’ailleurs.

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