Fusillades molenbeekoises: récapitulons


Johan Leman, 24 juin 2022

– Depuis quatre décennies, Molenbeek se trouve sur une route internationale de la drogue allant du nord du Maroc aux Pays-Bas via la France. Pendant toutes ces années, des “Français” ont toujours été impliqués dans ce trafic. Question : est-ce que cela serait soudainement différent maintenant ? (Note : cet aspect a été fortement sous-exposé en 2014-2016).

– Molenbeek (en tant que commune importante dans la zone de police concernée) a – c’est ce qu’on dit officiellement – un manque structurel de 170 policiers. Le Plan Canal fédéral n’a rien changé à cette situation structurelle. Résultat : possibilité d’une police de proximité ? N’en parlons plus.

– Depuis septembre 2021, au moins 10 fusillades ont eu lieu à Molenbeek en 10 mois. Deux explications possibles : a. déplacement après Corona du trafic de drogue des cafés vers l’espace public, b. influence de l’opération Sky à partir de début 2021.

– Le fait qu’il s’agisse de jeunes gens (disons les travailleurs de première ligne du trafic de drogue) ne dit rien sur la question de savoir si la lutte pour l’espace à occuper est simplement une affaire locale ou si elle est orchestrée à un niveau supérieur. De la même manière, le fait qu’elle s’exprime principalement à Molenbeek ne dit rien sur le fait qu’il s’agisse d’une lutte plus large ou non. Encore une fois : en 2014-2016, tout le monde regardait “Molenbeek”, alors que “Laeken” (comme il s’est avéré plus tard) était tout aussi impliqué.

Ce matin, après le journal de 8 heures, j’ai entendu à la radio une interview de la ministre Verlinden, ministre de l’Intérieur. Elle y dit qu’elle ne promet rien qu’elle ne puisse tenir. Et c’est un mérite en soi aujourd’hui. Mais pour le reste, j’ai surtout entendu que rien ne peut/ne va réellement se passer. Après tout… le recrutement doit encore avoir lieu et il doit se faire localement. Comme on peut s’y attendre, cela ne donnera pas grand-chose et ce n’est même pas la faute de la municipalité ou de la police locale. Et au niveau fédéral, tout est serré. En d’autres termes, il y aura une consultation. Pour l’avoir vécu moi-même au cours de ma vie publique dans les années 1990, je sais ce que cela signifie : il y aura quelques réunions… et elles ne mèneront à rien.

À quoi peut-on s’attendre ? Dans le meilleur des cas, les tirs s’arrêteront à un moment donné, ou du moins ils diminueront de manière significative, et cela sera dû au fait qu’un certain groupe est devenu dominant, soit sous le contrôle d’une famille locale, soit d’une organisation internationale plus importante.

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