Absence de mise à profit de l’expertise existante dans la politique


Johan Leman, 2 juin 2022

Depuis quelque temps, on constate que les ministres et les partis politiques attachent plus d’importance à souligner les points sur lesquels ils font la différence avec les autres qu’à s’appuyer sur l’expertise existante. Il y a probablement deux raisons à cela. La politique est souvent jugée à court terme et sur ce qu’elle n’a pas réussi à réaliser, et les médias veulent surtout rapporter des “nouvelles” (lisez : des choses qui sont nouvelles). Cette dernière tendance va si loin que “l’annonce” de la “nouvelle” (= de ce qui est nouveau) est devenue plus importante que sa réalisation.

Ce manque de mise à profit de l’expertise risque toutefois de porter préjudice à nos démocraties parlementaires. Cela se manifeste dans deux domaines : 1. le syndrome de l'”eau chaude”, et 2. l’oublie que “gouverner, c’est prévoir”.

Deux exemples actuels :

1.            Le syndrome de l’eau chaude. En 1989, les mosquées ont organisé des élections et un Conseil suprême des musulmans a été créé. Le gouvernement savait que cela se passait, mais a laissé faire en se disant : “Laissez-les faire. Si un conseil est voté et il ne nous plait pas, nous allons tout simplement ne pas l’approuver et créer une alternative : un conseil des sages.” Conséquence : il y a eu un Conseil suprême qui n’a pas été reconnu par le gouvernement et, peu après, un Conseil des sages qui n’a pas été reconnu par les musulmans.  Autre conséquence : une impasse qui a duré huit ans. Reproduira-t-on le même scénario aujourd’hui ?

2.            L’oubli que “gouverner, c’est prévoir”. Ce que nous vivons aujourd’hui avec la pénurie d’enseignants et le manque de structures d’accueil aurait pu être évité si l’on avait étudié les chiffres de la natalité. Un phénomène similaire se produit aujourd’hui avec le vieillissement de la population, et donc aussi de la population issue de l’immigration non-occidentale. On sait parfaitement que beaucoup de ces personnes font preuve d’une mauvaise observance et ne gèrent pas bien les médicaments. On peut déjà prévoir que d’ici dix ans, il y aura un problème de prise en charge des personnes âgées dans certains quartiers urbains. Mais… sommes-nous déjà en train de planifier ?

Je sais qu’il y a des problèmes plus graves, les pensions, etc. Mais quoi qu’il en soit, il y a beaucoup plus de choses qui peuvent être prévues et planifiées que ce n’est le cas actuellement, et qui sont relativement faciles à résoudre, si l’on s’y prend à temps.

P.S. Et que faut-il penser du débat sur l’enseignement au Parlement flamand, des interventions de nombreux députés et des réponses du ministre de l’enseignement? A-t-on l’impression que cela se produit après une évaluation sérieuse de tout ce qui a été fait dans le domaine de l’enseignement depuis le milieu des années 1990, avec ou sans succès ?

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