Rencontre numérique ‘Roms et Gens du voyage’: les investissements portent leurs fruits mais les défis restent


23 novembre 2020

Le 20 novembre, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a présenté les principaux résultats d’une enquête menée en 2018-2019 dans différents pays européens, dont la Belgique. Cette presentation a pris la forme d’une réunion numérique organisée en collaboration avec l’asbl Foyer vzw, UNIA et la plate-forme nationale belge des Roms.

Les chiffres ont été présentés par Giorgos Tsioukas de la FRA, et la réalité derrière les statistiques a été mise en évidence par les témoignages de personnes d’origne rom, des gens du voyage et des experts. Koen Geurts, du Service des Roms et des Gens du voyage du Foyer, a animé la discussion sur les différents thèmes étudiés.

En ce qui concerne la pauvreté, il est frappant de constater que 40 % des Roms et 55 % des gens du voyage vivent dans la pauvreté. Une petite minorité de Roms est sans abri, mais ils constituent un groupe difficile à atteindre et peu d’entre eux s’échappent de leur situation précaire. Parmi ceux qui ont réussi, on trouve Gheorghe Mailat, qui a témoigné de son parcours vers le travail, l’éducation et le logement. Biser Alekov, travailleur de rue pour la municipalité d’Anderlecht, a également souligné que la pauvreté signifie aussi ne pas avoir accès à certaines services et ne pas participer suffisamment à la société. La participation et, entre autres, la réduction du fossé numérique, sont donc aussi des thèmes qui doivent certainement être abordés.

Le logement n’est pas un problème majeur pour la majorité des Roms, mais c’est un problème grave pour les gens du voyage, qui ont souvent du mal à trouver une place. L’expert Kim Janssens du Minderhedenforum a expliqué que cela met les communautés de gens du voyage sous une grande pression, tout comme leur culture dans son ensemble, qui est maintenant en danger de disparition. Janssens attribue cela à l’absence d’une politique coordonnée et durable.

Les résultats des recherches de la FRA ont été particulièrement frappants dans le domaine de la santé, avec pour les Roms et les gens du voyage une espérance de vie bien inférieure à la moyenne belge. Seulement 55 % des gens du voyage décrivent leur propre santé comme bonne. Mihaela Covaci, médiatrice interculturelle dans le domaine de la santé pour l’asbl Foyer, explique cela par un manque de connaissances sur l’alimentation saine et son importance, le peu d’attention portée à la prévention et la méfiance à l’égard des soins de santé. Cependant, on observe également des tendances positives : plus les jeunes femmes sont scolarisées, plus l’état de santé de la famille s’améliore. Par exemple, le nombre d’avortements a diminué et la contraception pour les jeunes générations n’est plus un sujet tabou. Hans Verrept, du SPF Santé publique, le confirme : les évolutions positives sont là, mais il reste un travail à faire et la méfiance mutuelle entre les Roms et les structures et institutions de santé doit absolument être éliminée.

La situation des enfants et des jeunes Roms en matière d’école montre que les efforts et les investissements soutenus portent leurs fruits : 95 % des Roms âgés de 6 à 15 ans vont à l’école. Pour les gens du voyage, la situation n’est cependant pas rose. Damaris Craitar, une jeune femme rom originaire de Roumanie, a décrit comment elle a réussi à terminer ses études secondaires et à trouver un travail qui lui a permis de vivre de façon indépendante. Elle est aujourd’hui un exemple pour de nombreuses filles de son entourage. Natasja Naegels, du CAW Antwerpen, travaille depuis des années sur la scolarisation et défend encore plus fermement le droit à l’éducation, en particulier pour les filles roms. Après tout, leur autonomisation est un catalyseur pour l’autonomisation de la communauté dans son ensemble. Comme toujours, on ne peut pas ignorer l’importance des médiateurs dans ce travail.

Szabolcs Schmidt, de la Commission européenne, a ensuite expliqué le paquet que l’Europe propose aux États membres dans le context du nouveau cadre politique stratégique (2020-2030). Les nouveaux éléments sont un engagement plus ferme à lutter contre la discrimination et à promouvoir l’autonomisation. Patrick Charlier, de l’UNIA, souligne l’importance de continuer à investir dans l’amélioration de la qualité de vie des Roms et des gens du voyage. Le dernier mot revient à Alexandre Lesiw du SPP Intégration sociale qui souligne également que, malgré les progrès réalisés, des défis majeurs demeurent, partout en Europe. Un engagement fort et une synergie entre les différents niveaux politiques sont indispensables pour élaborer de bonnes politiques.

https://fra.europa.eu/en/video/2020/roma-and-travellers-belgium

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