Salah Abdeslam à Paris


Johan Leman, 6 septembre 2021

Il y a quelque chose que je me demande… Salah va maintenant, en septembre 2021, durant le procès à Paris répondre aux questions sur qui il est, et ce qui l’a motivé en novembre 2015, il y a presque 6 ans… Si je suis correctement informé par ce que certains m’ont raconté et par les médias (voir par exemple le livre Convoyeur de la Mort de Etty Mansour), Salah a bien fait des déclarations, à l’époque, en 2015, sur ce qui l’a motivé, mais il a surtout gardé le silence.

Entre-temps, il a passé près de 6 ans dans les prisons de Bruges et de Fleury-Mérogis. Il a eu beaucoup de temps pour réfléchir et pour se créer une identité, et il a été en contact, en prison, au moins occasionnellement, avec d’autres djihadistes. A Bruges, par exemple, avec Nemmouche. La littérature décrit souvent comment les prisons ont formaté et donné du contenu à l’islamisme djihadiste. Logiquement, on peut supposer que cela sera également arrivé à Salah. Les raisons et la logique qu’il donnera maintenant à ses actions en septembre 2021, seront-elles vraiment les vraies raisons et la logique qui étaient en jeu à la fin de 2015 ?

Spontanément, je pense que l’on peut sérieusement en douter. D’après ce que j’ai entendu et lu à son sujet, il y a cinq ans, l’image qui se dégageait principalement était celle d’une personne souffrant d’une grave crise identitaire. Oui, il référait toujours aussi à sa vision sur l’islam, mais c’était moins explicite que chez son frère Brahim. Je soupçonne que six ans plus tard, il aimera être considéré avant tout comme un héros de l’islamisme politique, avec plus d’accent sur un engagement islamiste qu’il y a eu dans sa tête confuse en 2015.

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