La culture artistique ne peut réussir dans les quartiers populaires que par une approche ascendante


Johan Leman, 23 juin 2025

Dans les quartiers populaires, le travail artistique et culturel ne peut être organisé que de manière ascendante (bottom-up). Autrement, il est rejeté par les habitants eux-mêmes.
Les pontes de la culture ont souvent du mal à comprendre cela, mais si l’on veut construire efficacement un programme artistique et culturel dans des quartiers socialement plus précarisés, il est essentiel que les habitants s’y reconnaissent et puissent s’y identifier. Ils doivent en être les premiers concernés et les initiateurs.


Cela signifie-t-il qu’aucune initiative artistique d’avant-garde ne peut venir de l’extérieur ? Ou que les initiateurs doivent forcément être issus des quartiers eux-mêmes ? Non, mais les apports extérieurs doivent se faire avec parcimonie, dans le respect de ce qui existe déjà. Ils ne peuvent pas constituer le cœur du programme au point de donner l’impression aux habitants qu’ils n’ont eux-mêmes rien de valable à offrir et que seule une lumière salvatrice venue de l’extérieur pourrait les éclairer.

Si l’apport artistique et culturel vient trop de l’extérieur, il est perçu comme une forme de colonisation et sera rejeté. Dans le meilleur des cas, il n’attirera qu’un petit nombre d’habitants du quartier, qui ne participeront qu’exceptionnellement lors d’un événement. Dans le pire des cas, l’offre sera sabotée de manière agressive et les visiteurs importunés.

C’est en réalité une règle de base du travail social : bien que dans ce domaine, une approche descendante (top-down) puisse parfois laisser quelques traces positives, cette règle s’applique encore plus fortement au travail artistique et culturel !
Le charme de la Zinneke Parade à Bruxelles, à l’époque, tenait justement au fait que les organisateurs avaient bien compris cela.

Je me demande comment Molenbeek 2030 se présente à l’Europe.

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