Johan Leman, 4 septembre 2025
À l’occasion de l’exposition Bruxelles, La Congolaise (1885-1985).
Plaçons-nous un instant dans l’esprit de la fin du XIXᵉ – début du XXᵉ siècle. Je ne veux en aucun cas justifier le colonialisme. À juste titre, on peut faire remarquer que coloniser un territoire est en soi fondamentalement erroné. Mais d’autres pays s’y sont également adonnés. Si tant est que cela puisse servir d’excuse…
Là où la Belgique a, une première fois, suivi de manière flagrante le mauvais scénario, c’est dans son attitude face au potentiel intellectuel qui existait clairement au Congo au début du XXᵉ siècle. La personne la plus exemplaire pour illustrer cet échec belge est Paul Panda, pour les Congolais : M’fumu Paul Panda Farnana.
Après avoir participé comme militaire à l’armée belge pendant la guerre 1914-1918, cet agronome résidant en Belgique – qui prit également part à des congrès internationaux et eut la possibilité de s’adresser au Parlement belge – milita, entre 1920 et 1930, pour une bonne intégration des Congolais dans l’administration belge au Congo et pour une politique éducative sérieuse et complète en leur faveur. Le gouvernement belge rejeta ses propositions et alla même jusqu’à lui rendre la vie difficile. On craignait des problèmes à court terme. Ce n’est que des années plus tard, en 1955, que les propositions de Paul Panda furent enfin mises en œuvre.
Gouverner, c’est prévoir. Ne l’oublions jamais. Pas même aujourd’hui. Lorsque nos décideurs prennent des décisions, pensent-ils aussi à ce que pourraient être leurs conséquences en 2050 ?
Ce qui m’étonne, c’est que Paul Panda figure certes dans le canon flamand, mais qu’à Bruxelles aucune rue ne porte son nom, alors que nombre de personnages pour le moins étranges ont, eux, obtenu une appellation de rue.
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