Johan Leman, 17 décembre 2025
À l’occasion de la Journée internationale des migrants (le 18 décembre), je propose de contextualiser les chiffres de manière objective, avant de porter un jugement et de mener des politiques. Les seuls chiffres vraiment précis dont nous disposons concernent la distinction entre Belges et non-Belges.
Au 1er janvier 2025, la situation est la suivante : en Belgique, 11 825 581 personnes vivent légalement. Parmi elles, 1 634 924 n’ont pas la nationalité belge, soit 13,8 %.
Par Région, la situation se présente comme suit :
Ces non-Belges peuvent être répartis en quatre catégories : les expatriés, les classes moyennes, les travailleurs et les demandeurs d’asile.
(Une cinquième catégorie, qui ne figure pas dans les statistiques, concerne les personnes en séjour illégal.)
Pour la Région de Bruxelles-Capitale, on sait que depuis l’an 2000 deux phénomènes se manifestent :
Quelle est la part des demandeurs d’asile dans cet ensemble ? 13 %.
Enfin, quelques réflexions.
N’y a-t-il donc pas de crise migratoire ? Décomposons la question.
Y a-t-il une crise des expatriés ? Les Belges sont surreprésentés dans l’emploi créé par la présence de l’UE à Bruxelles.
Y a-t-il une crise des réfugiés ? La majorité des réfugiés du Moyen-Orient se trouvent dans les pays voisins (Turquie, Liban, Jordanie, Iran et Pakistan). Ce n’est que pour les migrants d’Afrique du Nord que l’UE constitue le principal pôle d’attraction, et au sein de l’UE surtout la France et l’Italie. Ce qui me frappe, c’est que chez nous, en tant que pouvoirs publics, on aime volontiers tenir compte des effets de retour sur investissement lorsqu’il s’agit d’équilibrer ses propres comptes, mais qu’on ne parle jamais des effets de retour (par exemple la consommation, l’emploi) lorsqu’il est question des coûts liés à l’accueil des demandeurs d’asile. Ceux qui pensent que la Belgique est très connue en dehors des frontières de l’UE par les candidats migrants, se trompent. Ces personnes connaissent surtout le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et les pays scandinaves. La Belgique n’est connue que lorsque quelqu’un est déjà en Europe, et ce n’est qu’alors que notre sécurité sociale entre en jeu. Cela va maintenant changer avec les dernières mesures gouvernementales.
N’y a-t-il alors aucun problème ?
Si, il existe surtout un problème dans les quartiers d’arrivée des populations peu qualifiées, en particulier là où les enfants ne parviennent pas à réaliser le rêve de leurs parents et stagnent ou régressent. C’est donc là qu’il faut investir de manière adéquate.
Et les personnes en séjour irrégulier ? Depuis la fin des années 90, plusieurs publications supposent qu’au niveau mondial, pour 100 migrants en séjour légal, on peut compter 10 à 15 migrants en séjour irrégulier. Mais cela n’est démontré nulle part. Ce ne sont que de pures estimations que les auteurs et politiciens se recopient les uns les autres. Vrai? Pas vrai? Dans certaines zones, sans aucun doute, oui, dans d’autres absolument pas. D’après mes propres recherches dans les années 90, j’ai conclu que la mobilité transnationale des migrants en séjour irrégulier est largement sous-estimée. Donc, oui, dans certaines zones, un nombre non négligeable de personnes séjourne de manière illégale. Dans d’autres, absolument pas. Et quant à savoir de qui il s’agit exactement… cela varie beaucoup. La politique devrait prioriser l’éloignement des personnes impliquées dans la criminalité.
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