Beaucoup de Flamands étaient aussi autrefois des migrants à Bruxelles


Johan Leman, 23 janvier 2023

70 % des Bruxellois sont nés en dehors de Bruxelles. Bruxelles est en fait une région urbaine de personnes dont la plupart ont déménagé à Bruxelles étant non-Bruxellois. La Fondation MigratieMuseumMigration termine un film, réalisé par l’ancien journaliste de la VRT Peter Verlinden, qui montre comment des milliers de familles flamandes sont venues s’installer à Bruxelles au cours des deux derniers siècles, contribuant à façonner la ville au fil des générations. Exactement comme l’ont fait et le font encore les Italiens, les Marocains, les Européens de l’Est et bien d’autres. Des témoins de trois familles flamandes y racontent leur histoire : une famille qui a émigré à Bruxelles au XIXe siècle, avec l’industrialisation, une autre entre les deux guerres mondiales et une troisième vers 1960. La génération actuelle est et se sent bruxelloise. Ce sont des histoires du passé et d’aujourd’hui. Le Musée des migrations espère réaliser un film similaire sur les familles wallonnes qui elles aussi ont également émigré à Bruxelles depuis le XIXe siècle, avec l’industrialisation. La différence, c’est que les Wallons étaient probablement moins nombreux, car la Wallonie, contrairement à la Flandre, avait son propre bassin industriel.

Ce qui est frappant à propos de ces migrants flamands, du 19e siècle à 1939, c’est qu’il s’agissait d’une migration causée par la pauvreté et le manque d’emploi dans la région d’origine. Par la suite, et certainement à partir de 1960, on constate que cette migration prend une forme différente et devient davantage une migration de personnes instruites, voire très instruites. Elle devient une migration motivée par la culture urbaine. D’ailleurs, ne se passe-t-il pas actuellement quelque chose de similaire chez les Bruxellois d’origine italienne et espagnole ? Et à un moment donné, on voit aussi combien de ces ex-migrants devenus Bruxellois dans les générations suivantes se déplacent vers la périphérie. De nombreux Flamands l’ont fait, de nombreux ex-migrants italiens et espagnols l’ont fait et nous constatons aujourd’hui qu’il en est de même pour les migrations ultérieures.

Les migrations ne doivent pas être jugées uniquement en fonction de leur situation actuelle, mais en fonction de leur passage dans le temps. Les similitudes sont frappantes.

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