---

Johan Leman, 3 février 2023

Extrait de la Carte Blanche de Joeri Casteleyn (en DS) concernant le phare d’Ostende.

“Difficile à comprendre pour ceux qui viennent d’y vivre, mais Lange Nelle (=phare) a toujours été avec nous : elle était là pour allumer notre première cigarette, pour nous raccompagner à vélo après que nous ayons à nouveau trop bu (…). La lumière que je regarde de l’intérieur est la même que celle que regardait mon grand-père…” (…) “Vous ne pouvez pas juste l’ enlever  (…)…”

Par le passé, à Bruxelles, nous avons parfois commis l’erreur de ne pas en tenir suffisamment compte. Il y a des choses que nous aurions dû garder ouvertes simplement parce que les gens y étaient tellement habitués que cela leur servait de point d’appui. Et nous l’avons laissé disparaître pour de nouveaux projets soi-disant plus importants. Je me souviens que quelqu’un comme Phil Bosmans, à Anvers, a utilisé une partie des recettes de ses droits d’auteur pour maintenir ouvert un pub qui avait dû fermer… parce que de nombreux sans-abri venaient y boire une pinte. Il avait raison. Bien sûr, une telle chose ne devrait pas faire obstacle à un changement nécessaire, mais le changement devrait alors être manifestement synonyme d’amélioration. Et non pas parce qu’une administration l’a esquissé à distance depuis un bureau quelque part.

J’espère que cela sera pris en compte lorsqu’à Bruxelles, à la rencontre du nouveau marché que les promoteurs de la construction ont découvert, une nouvelle coupe claire sera mise en route. L’une des conséquences pourrait être un fort mécontentement de la population locale, notamment parce que les jeunes sont de plus en plus confrontés à des loyers inabordables, mais aussi parce que, dans le même temps, des points d’ancrage ou des lieux de mémoire sont perdus. Et si, à leurs yeux, cela est fait pour satisfaire les intérêts de ceux qu’ils considèrent comme des nouveaux venus – les BoBos -, il ne faut pas s’étonner si cela entraîne des tensions inattendues.

Retour