Les spéculateurs et l’immobilier dominent le tissu métropolitain


Johan Leman, 9 mai 2022

Encore une fois, quelque chose à propos du projet de tour résidentielle Dockside près de la place Sainctelette à Bruxelles… cette fois-ci encouragé par le fait que tant la commune de Molenbeek que la coprésidente d’Ecolo qui est une habitante de Molenbeek s’expriment contre le projet.

Ceux qui connaissent Molenbeek savent que la densité de population est très élevée, surtout dans le Bas-Molenbeek. Quiconque connaît Molenbeek sait aussi que s’il y a une demande de nouveaux appartements, il devrait s’agir de préférence d’appartements pour des familles avec trois ou quatre enfants et/ou pour de jeunes familles. La commune de Molenbeek a explicitement inclus ce dernier point dans sa critique des plans précédents pour cette tour résidentielle. Tous ceux qui connaissent les résultats de l’étude de Curieuzenair sur la qualité de l’air savent que la place Sainctelette, où se croisent l’avenue du Port et le boulevard Léopold II, et où de nombreuses voitures sortent du tunnel, puis donnent de nouveau du gaz lorsqu’elles sont autorisées à repartir, est un lieu où la pollution est énorme, la plus élevée de Bruxelles.

Mais quel est le problème ? Cette tour doit être construite sur un terrain coûteux, ce qui est le résultat d’une spéculation qui a débuté à la fin des années 1980. On doit donc construire un nombre suffisant d’étages sur ce terrain pour rendre la construction rentable, et à mesure que le nombre d’étages diminue, il y faut donc un nombre croissant de studios qui peuvent générer un rendement en attirant des acheteurs qui recherchent un rendement par le biais de studios (pour des passants à Bruxelles qui y restent pendant quelques mois, pas plus,pas moins).

Conséquence : que propose le dernier plan de la tour résidentielle de la place Sainctelette ?

46 studios (c’est-à-dire salon, cuisine, chambre à coucher, le tout dans une seule pièce), 58 appartements d’une pièce (c’est-à-dire une pièce mais légèrement plus grande qu’un studio), 38 appartements de deux pièces et 7 appartements de trois pièces. En d’autres termes, 104 studios/chambres qui n’apportent absolument aucune valeur ajoutée à Molenbeek, mais sont des lieux d’investissement qui n’aideront ni les commerçants ni l’environnement, mais ajouteront un peu de trafic supplémentaire dans les rues environnantes à sens unique déjà étroites ; ces studios n’aideront même pas les caisses municipales. Ensuite, il y aura 38 appartements de deux pièces pour les jeunes couples qui y resteront jusqu’à ce qu’ils aient des enfants, et enfin les 7 appartements de trois pièces que la municipalité implore. Et bien, pour ces 7 appartements, on paie le prix en qualité de vie d’un bâtiment de 14 étages avec toute une zone de bétonnisation. La solution la plus évidente, soyons clairs, serait un petit parc avec quelques arbres qui pourraient éventuellement devenir de très grands arbres.

Notez également que dans une étroite ruelle adjacente (rue Courtois), il y aura un nouveau grand bâtiment avec des garages. Et oh oui, les autorités font miroiter la perspective d’une grande zone sans voiture dans les environs immédiats. Eh bien, d’abord voir et ensuite croire. Commençons par aménager cet espace sans voitures, puis construisons, si besoin il y a et si l’impact sur la qualité de l’air dans les rues étroites qui l’entourent le permet.

D’autres objections sérieuses pourraient être soulevées, mais limitons-nous à celles-ci pour l’instant. Entretemps, constatons que c’est la spéculation et l’immobilier qui décident sur l’urbanisme à Bruxelles, et que les autorités et le “bouwmeester” suivent leurs décisions.

Retour