Les personnes âgées deviennent aussi une réalité à Bruxelles


Johan Leman, 20 avril 2022


La Région bruxelloise est célébrée – à juste titre – comme une jeune région, la plus jeune de Belgique. C’est une bonne chose. Ceci laisse entrevoir un potentiel énorme et un grand dynamisme dans le futur.
Toutefois, cela ne doit pas nous faire oublier qu’en même temps, un processus de vieillissement est en cours parmi les nombreux Bruxellois d’origine non-belge. Sur les 215 378 Bruxellois âgés de 60 ans et plus, 100 295 ne sont pas nés en Belgique en 2020. Parmi les Bruxellois de plus de 65 ans qui ne sont pas nés en Belgique, il y a bien sûr des Belges de l’extérieur de Bruxelles mais nés en Belgique, et il y en a aussi beaucoup qui sont nés dans un État membre de l’UE, mais il y a de plus en plus de Bruxellois nés au Congo ou – et c’est ce dont je voudrais parler ici – nés surtout au Maroc ou en Afrique du Nord, et dans une moindre mesure en Turquie. Beaucoup de ces personnes passent une partie de leur retraite dans leur pays d’origine, faisant la navette entre leur famille là-bas et leurs enfants ici. Mais le groupe des plus de 65 ans nés dans un pays d’Afrique du Nord ou en Turquie, qui continueront à s’installer à Bruxelles et à y vivre, augmentera de manière prévisible.
“Gouverner c’est prévoir.” Peut-être pouvons-nous apprendre quelque chose sur les préoccupations qui nous seront posées à l’avenir, en regardant déjà aujourd’hui vers la France. La migration extra-européenne, en l’occurrence de l’Afrique du Nord, y remonte à une génération entière de plus que pour nous. En 2017, à l’initiative du Dr Omar Samaoli, gérontologue, un “Obervatoire Gérontologique des Migrations” y a été créé.
On y insiste sur l’importance de la présence de sons, d’odeurs et de goûts de l’enfance et de l’adolescence pour les personnes âgées ayant des racines migratoires dans les établissements de soins résidentiels, et on y voit une source de confiance.
On insiste également sur l’importance des outils de diagnostic et des informations d’accompagnement dans la langue d’origine pour les cas de démence et de maladie d’Alzheimer, même pour les personnes ayant une excellente maîtrise de la langue du pays d’accueil, en raison de la probabilité de l’importance croissante de la langue de l’enfance et de l’adolescence pour les personnes souffrant de démence.
La VUB a une bonne tradition de recherche gérontologique. Je crois savoir qu’on y fait des recherches dans ce domaine. Une politique en la matière pourrait bien être nécessaire plus tôt que ne le prévoit le monde politique dans ce “jeune Bruxelles”.

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